L a - v o i e - d e s - p l a n t e s
12 Septembre 2010
J'ai les jambes lourdes! - J'ai mal aux jambes!
Autant d'expression qui réapparaissent chaque année,
à la même époque, dans les périodes chaudes.
Avec les beaux jours et surtout la chaleur, apparaissent des troubles circulatoires, caractérisés par des jambes lourdes, pesantes. Ces troubles sont beaucoup plus ressentis par la population féminine ou par les personnes, qui dans l'exercice de leurs professions, ont une station debout prolongé.
Paradoxalement, les personnes ayant une station assise, elles aussi, soufrent de ces troubles. Dans les deux cas, ces nuisances sont la conséquence d' une stase veineuse anormale dans les membres inférieurs. C'est ce que généralement nous appelons des troubles circulatoires.
Les conditions de travail (station debout ou assise prolongée), l'alimentation déséquilibrée, les surcharges pondérales, la grossesse, les excès de chaleur (exposition prolongée au soleil, la température élevée des locaux d'habitation ou des bureaux, le chauffage par le sol, etc.), sont autant de facteurs qui entraîne une dilatation de la veine, en langage médical : vasodilatation. Le diamètre veineux étant plus important, le débit est beaucoup plus lent, ce qui entraîne une stase, ou stagnation du sang. Le froid, au contraire, contracte les veines, c'est la vasoconstriction. Quand la vasoconstriction est suffisante, il s'exerce sur la veine une pression qui favorise la circulation de retour vers le cœur. C'est principalement à cause de cette insuffisance de vasoconstriction, que les troubles circulatoires se font sentir dans les périodes chaudes. Résultat: d'abord une sensation de jambes lourdes, à laquelle s'ajoute rapidement la constitution d'œdèmes de la cheville, puis, à moyen terme, l'apparition sur les jambes de varices plus ou moins saillantes et souvent douloureuses.
Dans ces troubles, comme dans les pathologies cardio-vasculaires en général, les végétaux sont les principaux acteurs de l'arsenal thérapeutique. Plusieurs plantes jouent un rôle essentiel dans les troubles circulatoires, mais toutes, n'ont pas la même activité et pour bien les utiliser, il est nécessaire de bien les connaître.
La vigne rouge :
La vigne rouge (Vitis vinifera), est sans doute la plante la plus connue et la plus anciennement utilisée dans les maladies veineuses. Elle est du même genre que la vigne qui donne le raisin, mais est d'une variété différente, c'est la variété "teinturier". Ses feuilles sont riches en composés phénoliques : pigments anthocyaniques, flavonoïdes, tanins et acides phénols ; ces substances sont plus abondantes dans les feuilles vertes que dans les feuilles teintées. Les pigments anthocyaniques et les procyanidols ou proanthocyanidols oligomères, deviennent plus abondants avec la chute des températures. Ce sont eux qui donnent aux feuilles leur belle couleur « rouge sang » et qui jouent un rôle important dans l'entretien de la paroi veineuse.
Ces composants se fixent sur les sites contenant des glycosaminoglycanes et stabilisent les fibres du collagène par la création de ponts entre les chaînes polypeptidiques. De ce fait, ils s'opposent à l'accroissement de la perméabilité de la tunique interne des veines et des artères. De leur coté, les Anthocyanes inhibent les protéases, Trypsine, hyalurodinase et Elastase qui dégrade les tissus conjonctifs et les fibres élastiques. Cet enzyme, souvent en trop grande quantité dans les troubles circulatoires, participe à la dégradation des cellules de la paroi veineuse ce qui a pour conséquence : un manque de tonicité de la paroi, donc une plus faible vasoconstriction ainsi qu'une surproduction d'histamine provoquant un effet inflammatoire.
Cette synergie d'activité s'opposent à la perméabilité de la structure veineuse tout en favorisant la vasoconstriction. De plus ces composants ont une action antioxydante, c'est à dire qu'ils freinent la destruction des cellules de la paroi veineuse et limite la porosité donc l'oedème.
La vigne rouge s'utilise en infusé à 20 g pour 1 litre, 250 ml 2 fois / jour.
Le mélilot :
Le Mélilot officinal est une plante herbacée à tige cannelée dressée, ne dépassant guère les 60 cm de hauteur. Commune dans les décombres et les lieux cultivés, sur terrains calcaires et graveleux, elle possède des feuilles alternes, composées de 3 folioles dentées. Les fleurs, de type papilionacé, de couleur jaune sont réunies en grappes allongées au sommet de la tige. La floraison a lieu de juin à septembre, période d'intense activité pour leurs pollinisateurs, les abeilles.
Les sommités fleuries de Mélilot (Melilotus officinalis) contiennent des flavonoïdes aux propriétés veinotoniques, des glucosides phénoliques dont le mélilotoside qui libère de l’acide coumarinique précurseur de la coumarine (anticoagulant et fluidifiant sanguin). La coumarine augmente l'oxygénation cellulaire par amélioration de la microcirculation et stabilise la membrane des érythrocytes (globules rouges). Agissant en synergie, ces composants exerce une action sur la circulation veineuse en augmentant le débit veineux tout en diminuant la perméabilité capillaire. Mais le mélilot exerce aussi un effet lymphagogue, il augmente le débit du système lymphatique et résorbe les œdèmes. Il exerce une activité importante sur les oedèmes riches en protéines à hauts poids moléculaires (oedèmes thermiques). En outre, le Mélilot favorise la cicatrisation et la régénération cellulaire et exerce un effet sédatif. Cependant son usage ne doit pas être prolongé et il est contre indiqué chez les hémophiles.
L'action du mélilot est principalement liée à sa teneur en coumarines, or ces composants sont plus abondants dans les jeunes plantes fraîches. L'utilisateur devra donc employer cette plante en infusion à 20 % et boire 1 demi-litre par jour ou en T.M. 50 à 150 gouttes par jour ou encore en Suspension intégrale de plantes fraîches, S.I.P.F., une mesure 3 fois par jour.
La noix de Cyprès :
Le Cyprès toujours vert (sempervirens) est un bel arbre à cime longue et étroite, dont la taille peut atteindre plus de 20 mètres. Ses ramuscules sont entièrement recouvertes par des feuilles en forme d'écailles triangulaires. C'est un arbre monoïque, il porte à la fois les fleurs mâles et femelles comme beaucoup de conifères. Les fleurs mâles sont en chatons terminaux alors que les fleurs femelles forment des cônes globuleux à écorces écailleuses. Ces cônes, improprement appelés "noix" sont botaniquement des galbules.
Les Anciens attribuaient au Cyprès des vertus médicinales puissantes. Hippocrate employait les rameaux dans les affections utérines, dans la chute du rectum avec hémorragie et pour faire cesser les écoulements sanguins. Pour H. Leclerc, au début du siècle, les noix de Cyprès avaient un effet vasoconstricteur d'une grande efficacité dans les affections du système veineux.
La composition chimique de la galbule et des rameaux est très différente, ce qui explique l'usage traditionnel distinct de ces deux organes. La galbule est employée contre les troubles circulatoires alors que les rameaux sont utilisés comme antispasmodique et antiseptique dans les toux sèches.
Les extractions alcooliques ou la décoction de noix (galbule) de Cyprès (Cupressus sempervirens) exerce une action anti-élastasique(Procyanidols), veinotonique(Flavonoïdes - Tanins) et oestrogénique(Diterpènes). Des travaux ont montré que certains tanins de la "noix" inhibent de 50 % les méfaits d'une enzyme : l'élastase qui, en excès dans diverses maladies, favorise la dégradation des tissus conjonctifs et des fibres élastiques des parois veineuses. Ce sont ces tissus, qui par leur élasticité, favorisent la circulation du sang. D'autres composants ont des propriétés antioxydantes et une légère action hypotensive. Par leur action veinotonique les flavonoïdes et les tanins favorisent la tonicité de la paroi veineuseet de ce fait la circulation de retour. Cependant par ses diterpènes, la noix de Cyprès exerce un effet hormonal de type oestrogénique. Ce qui peut être bénéfique dans certains cas mais préjudiciable dans certaines pathologies (cancers oestrogèno-dépendants – mastopathies et cancer de la prostate)
Formes d'emploi et posologie
Décocté de galbules à 30 pour mille en usage interne ou externe
T.M 30 à 50 gouttes, 3 fois par jour
Extrait sec hydro-alcoolique 0,5 à 1,5 g par jour
Le marron d'Inde :
Le Marronnier commun (Aesculus hippocastanum L.) est un arbre pouvant atteindre 25 mètres de hauteur. Ses feuilles sont grandes, opposées, composées palmées (5-7 folioles). En avril ou mai apparaissent des fleurs blanches tachées de rose et de jaune réunies en grappes composées. Les fruits sont des capsule verte épineuse renfermant 1-2 graines : les marrons.
Introduit en Europe occidentale dès 1525 il s'acclimate parfaitement bien en France. Bien que fragile quand il est jeune il atteint 15 à 20 m, parfois 30 m et peut vivre plus de 100 ans. Sa floraison somptueuse qu'il déploie vers l'âge de 15 à 20 ans en fait l'hôte des cours et des allées où sa fructification abondante fait la joie des enfants.
En phytothérapie, on utilise exclusivement la graine (Marron) et l’écorce pour leurs propriétés veinotropes. La graine du Marronnier d’Inde contient des saponosides triterpéniques (aescine) responsables de l’activité anti-inflammatoire et anti-oedemateuse. D’autres composants tels les flavonoïdes exercent une activité veinotonique. Par sa composition agissant en synergie, le marron d’Inde agit comme protecteur vasculaire général, veineuse et capillaire en particulier.
Aesculus hippocastanum est un vasoconstricteur et un protecteur de la paroi veineuse. Il empêche la destruction des cellules épithéliales de la gaine et de ce fait, inhibe la perméabilité. C'est aussi un diurétique, des études ont montré que l'aescine augmentait l'excrétion rénale de 150 à 300 %. Cette élimination est accompagnée d'une forte excrétion du sodium, mais d'une faible excrétion de potassium. Le marron d'Inde est aussi un stimulant des corticosurrénales, ainsi il favorise la sécrétion de cortisol, notre cortisone naturelle qui antagonise le processus inflammatoire.
Là aussi, on préférera les formes utilisant les plantes fraîches type Suspension intégrale de plantes fraîches, 3 mesures par jour, la T.M. à la dose de 50 à 100 gouttes par jour ou les formes hydro-alcooliques en gélules ou en intrait.
Comme on vient de le voir, toutes ces plantes ont une action sur la sphère circulatoire, mais toutes n'agissent pas au même niveau et leurs activités annexes sont différentes. Il appartient donc aux thérapeutes de bien connaître à la fois la plante et son patient et de lui conseiller ce qui est nécessaire au recouvrement de sa santé.
PLANTES
|
ACTION CIRCULATOIRE |
|
|
VIGNE ROUGE |
Vasoconstricteur |
Anti-oxydant |
Hypotenseur |
MELILOT |
Augmente le débit veineux |
Sédatif |
Lymphagogue |
CYPRES |
Veinotonique - Anti-élastasique |
Oestrogènique |
Anti-oxydant |
MARRON D'INDE |
Protecteur de la paroi |
Anti-inflammatoire |
Diurétique |
Alain TESSIER
Ethnobotaniste